mercredi 9 février 2011

“Si on a le ventre plein, on peut penser à se divertir. Mais si on a le ventre vide, on ne peut que penser à le remplir”

Les divertissements sont assez rares dans le quotidien de la plupart des Burkinabés. Déjà dans les villages, il n’y a pas grand-chose pour se divertir, à part le bistrot du coin… (c’est un peu comme les coins perdus du Valais…avec tout l’amour que j’ai pour les coins perdus du Valais). A Ouagadougou, par contre, il y a énormément de divertissements; comme dans une grande ville européenne (ciné, concerts, magasins, musée, expositions,…). Toutefois, le concept même de divertissement est inconnu pour beaucoup de Ouagalais.  En fait, c’est un peu le principe de la pyramide des besoins. Pour ceux qui ne connaissent pas, voilà en gros la pyramide… L’idée c’est que pour pouvoir se préoccuper d’un besoin d’un niveau supérieur, il faut d’abord satisfaire le niveau inférieur. Du coup, ici, comme la majorité peine à satisfaire le premier niveau, il est quasi impossible de se préoccuper des autres niveaux. Cela parait totalement futile et surtout inutile.

Du coup, les distractions se résument à ce qui est gratuit ou presque: la principale est la causerie… ensuite, on peut aussi jouer au foot, se coiffer, observer les habits des uns et des autres, danser, jouer un peu de musique… et surtout observer les autres (et bien évidemment les nassaras…)

Ouagadougou, règne des apparences

Une chose que j’ai remarquée depuis mon arrivée est l’importance du bien paraître. Beaucoup ont pour priorité d’être bien habillé, bien coiffé et d’avoir des biens matériaux. Une personne préfère se priver d’un bon repas et s’acheter un bel habit (qui sont chers par rapport au salaire des gens). Les gens qui peuvent s’acheter ces choses ne se privent pas de les montrer (téléphones, ordinateurs,…). Une expression beaucoup utilisée est “c’est un collier/une tenue mon-mari-est-capable”; ce qui signifie que en mettant ce vêtement la femme montre à toutes les autres qu’elle a de l’argent…

Du coup, on peut croiser des personnes super bien habillées et coiffées alors que chez elles, il n’y a ni eau, ni électricité, ni même à manger… d’un côté, c’est compréhensible; on n’a pas forcément envie que tout le monde sache qu’on est pauvre, c’est une question de fierté. D’un autre côté, il y a ceux qui exagèrent et qui font étalage de leur richesse.

tout ça pour dire que la société de l’apparence c’est pas que chez nous… mais ici ça me semble encore plus flagrant; les différences de richesse sont véritablement visibles au quotidien! En fait peut-être que chez nous, on ne les voit plus parce qu’on y est trop habitués…

J’ai intitulé ça: Avoir en permanence le sentiment d’avoir quatre oreilles ou être blanche au Burkina Faso

Avant de vous raconter quoique ce soit, juste un petit coucou pour tout ceux qui se sont souvenus de magnifiques moments en lisant le titre… (pour les autres ne soyez pas frustrés, je vous fais aussi coucou…)

Bref maintenant je m’explique… En étant blanche ici, je commence à comprendre que c’est peine perdue de passer inaperçue alors que je suis entourée de noirs. Je commence à comprendre mais je ne m’y habitue toujours pas… du coup, j’ai souvent l’impression d’avoir quatre oreilles, ou de ressembler à un Ovni vu la manière dont les gens me regardent…

En fait, c’est un événement un blanc qui passe !
Avec les enfants, c’est un sourire et un “nassara(blanc) bonjour” de loin, et parfois, un gamin un peu plus téméraire se risque à venir saluer de plus près ce blanc qui l’intrigue tellement. Lorsqu’il sert la main du blanc, beaucoup d’enfants sont tout étonnés; ils observent la main, puis lorsqu’ils repartent, souvent ils la sentent; histoire de voir comment sent le blanc (donc il faut souvent se laver les mains car vous imaginez l’image que se feraient les enfants si on pue des mains…)

Avec les adultes, les réactions sont un peu différentes:

Il y a déjà les hommes qui dès qu’ils voient une blanche, se disent que forcément il faut la marier… et en général, ils le disent après la troisième phrase de la conversation!
Ensuite, il y a ensuite ceux qui considère le nassara comme un personnage important qu’il faut, dans la mesure du possible, choyer et épargner de peur qu’il ne fuie trop rapidement. Il faut lui faire plaisir…
A l’inverse, il y a aussi une forme d’agressivité immédiate de la part de ceux qui considère que le blanc est responsable de tous les maux du continent et qu’il ne peut justifier sa présence ici qu’en distribuant à celui qui veut tous les euros dont il doit évidemment disposer…

C’est un peu caricatural et toutes les réactions ne se résument pas à ça mais il faut être conscient que des bribes de ses réactions seront de toute manière présente dans la relation; cela dépend des circonstances mais elles apparaitront quasi toutes à un moment donné… heureusement, en côtoyant régulièrement les mêmes personnes, les réactions “violentes” s’atténuent et c’est plus agréable!

dimanche 23 janvier 2011

Arrêtons de prendre l’Afrique pour une poubelle!

En travaillant à la bibliothèque, j'ai pas mal pesté contre les Suisses: je m'explique… Nous avons une salle remplie de livres envoyés de Suisse… (ce qui est une chance je ne dis pas le contraire) Malheureusement lors de l'envoi des livres, il n'a pas été suffisamment tenu compte de l'adaptation des livres au contexte de l'école (culture, programme scolaire...). Du coup, près de deux tiers des livres ne sont pas du tout adaptés!

Les Burkinabés ont la désagréable sensation que les livres ont été donnés, histoire de s’en débarrasser. C'est vrai que quand on voit certains livres on se demande ce qui a traversé la tête des gens: la passion du ski dans un pays où il fait froid ,15°, seulement quelques heures par jour et pendant quelques semaines.... Je ne jette pas la pierre aux Suisses qui ont certainement voulu bien faire mais sans connaitre ce n'est pas facile et j’aurais certainement fait les mêmes erreurs… mais il faut parfois savoir écouter les autres et prendre conseil auprès des personnes qui connaissent le contexte (et qui mieux que les burkinabés pour le faire?)

C’est pas évident de s’entendre dire: “de toute façon, les blancs donnent à l’Afrique ce qu’ils ne veulent plus parce que c’est trop vieux ou trop usé… ils se disent que ça pourra toujours servir aux Africains et ça leur donne bonne conscience… L’Afrique c’est la poubelle de l’Europe!”
Le plus dur à avaler c’est que c’est vrai!

Ici, on appelle ces marchandises envoyées de l’Europe les “au revoir France”… Au revoir France, Bonjour l’Afrique!

Début d’année 2011; quelques changements en vue…

Bon avant de commencer à vous raconter quoique ce soit… J’ai failli à tous mes devoirs en ce début d’année parce que je ne vous ai pas encore souhaité … suspens total…

UNE MERVEILLEUSE ANNEE 2011!!!

Que cette année comble tous vos désirs; qu’elle vous apporte la santé, le bonheur, du succès dans vos études ou votre travail, enfin bref que vous ayez envie de crier de joie tous les matins au réveil!!!

Maintenant que ça c’est fait... un peu de nouvelles de mes aventures abracadabrantes comme beaucoup me le disent…

Je ne suis plus en stage dans les classes mais je travaille à la création d’une bibliothèque destinée principalement aux élèves de l’école secondaire (ou plutôt ce qui devrait devenir une bibliothèque si tout va bien)... c'est cool même si c’est un peu l’inconnu... Donc je continue les cours informatiques et je m'occupe de la bibliothèque en parallèle...
Pour les cours informatiques, ça suit son cours et je vois petit à petit quelques progrès. Un changement aussi; comme un des enseignants est vraiment motivé par l’informatique et qu’il se débrouille plutôt bien, je me suis dit que ce serait bien qu’il puisse donner les cours aux élèves du primaire lorsque je ne serai plus là. Du coup, ça se met gentiment en place et il a commencé à donner les cours aux élèves de sa classe. Je lui donne des conseils et petit à petit, j’espère qu’il sera capable de gérer seul les cours. Il faut aussi qu’on voit comment organiser pour qu’il puisse gérer sa classe et donne les cours aux autres classes… Affaire à suivre…
voilà le topo pour la bibliothèque: des livres ont été reçus de Suisse, une petite salle a été aménagée, une personne responsable a été désignée. Normalement, cette personne aurait dû suivre une formation mais en fait elle n'a rien suivi; elle n'a donc que peu d’idées de la manière dont fonctionne une bibliothèque. Du coup, je suis censée l’aider à mettre en place la bibliothèque et la former à la gestion (évidemment je suis une professionnelle de la gestion de bibliothèque…) .
Ces deux semaines ont donc été consacrées à un remue-méninge intensif. D’abord, il m’a fallu comprendre le fonctionnement d’une bibliothèque européenne (c’est fou le nombre de choses à penser…). Ensuite, j’ai essayé de tenir compte du contexte africain; pour ça, je me dis qu’heureusement  que je n’ai pas commencé ce projet dès mon arrivée. Comme je commence à comprendre le fonctionnement burkinabé, c'est plus facile de créer un projet qui tienne la route: je pense que je risque moins de faire certaines erreurs que j'aurais faites en arrivant en septembre... en plus, en discutant avec les différentes personnes que je côtoie (surtout Franck qui est devenu le consultant attitré de la bibliothèque), je perçois mieux certains aspects. Bon la route n'est pas simple et je pense qu'il y aura pas mal d'obstacles à surmonter... mais c'est un beau défi!

Autre changement: les Ducommun, le couple suisse, sont partis... Ils continuent leur voyage. Au programme; marche de 3 semaines jusqu’au Bénin (les burkinabés les prennent pour des fous!), visite du Bénin puis envol pour la Tanzanie et safari, et enfin départ pour Madagascar. De belles découvertes en perspective! De mon côté, je me retrouve donc toute seule en tant que blanche mais ça devrait aller vu que maintenant je connais un peu de monde… mais nos petites discussions de suisse vont quand même me manquer (c’est parfois cool de pouvoir discuter avec quelqu’un qui a les mêmes références culturelles)…

Encore un changement : j'ai commencé la chorale de l'église où je vais à la messe. C'est trop cool de pouvoir chanter à nouveau et l'ambiance est vraiment sympa. Comme c'est une grande chorale (100 membres inscrits), pour l'instant je ne connais pas tout le monde et je suis un peu dans l’inconnu (même si je ne passe pas inaperçue comme ils disent… une blanche dans une chorale de 100 burkinabés c’est difficile à ne pas remarquer…). Mais je commence déjà à connaitre un peu les altis,  c’est cool de pouvoir discuter avec elles... Pour l’instant, je suis un peu perdue au niveau des chants; je revis les douloureux débuts en tant que nouveau où il y a une quantité de chants à apprendre… mais c’est motivant !

mercredi 5 janvier 2011

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Voyage à Omnoghin

Omnoghin, le 29 décembre 2010

Le programme des vacances de Noël a été très changeant. Pour résumer, je devais partir le mardi 28 décembre, mais j’ai appris le 27 que ça n’allait pas. Du coup, j'ai atterri seule dans un campement d'accueil touristique près de Tenkodogo. Je ne suis pas la seule touriste: il y a 2 familles : 2 mamans et 4 enfants: des suisses, d'Estavayer-Le-Lac ! Au début, ça m'a fait super bizarre de me retrouver entourée d'autant de Suisses et surtout d'enfants ! Le premier jour, le jeu de monopoly faisait vraiment drôle  mais on se réhabitue très vite à ses compatriotes et c'était vraiment sympa!

Mais revenons au début.. Départ de Ouaga en taxi (je deviens rodée...) Ensuite, arrivée à la station de bus, prise du billet et découverte du bus. En experte avisée, j'observe le bus et je me dis que le voyage va être long et chaud: il n'y a pas de fenêtres! C'est un peu un sauna mobile ; on devrait travailler le concept en suisse... Bon ce n'est non plus un supplice (heureusement qu'on n'est pas dans la période chaude) et les paysages sont jolis (ça change de la ville). Arrivée à Tenkodogo après 3h15 de bus, Zakaria, le responsable du campement, m'attend et me repère assez vite (c'est un peu « chercher Charlie » pour les enfantines; chercher une blanche au milieu d'un bus de noirs...) Départ pour Omnoghin; 20 km en moto! Je commence à aimer la moto ! mare aux crocodiles                                                                

                          campement Tempelga:

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Avant d'arriver au campement, petit tour par le marché pu is débarquement au campement et rencontre avec les suisses! Présentation rapide puis ils partent pour visiter le marché et le village! ; Zakaria m'explique le programme des suisses (ici les animateurs proposent des activités et ensuite on crée le programme: comme je n'ai pas une folle envie de faire les activités toute seule je vais suivre le programme des suisses). Ensuite, on part pour rejoindre un autre animateur, Inoussa, qui va me faire visiter le marché qui est assez proche du marché de Tanghin; en se baladant, on passe près du « cinéma »: une télé avec un lecteur dvd; une trentaine de personnes (principalement des enfants); un film en anglais sous-titrés français; tout le monde est captivé et c'est bien la première fois qu'on ne m'observe pas pendant 5 minutes quand j'entre quelque part.

Le soir, souper de luxe au campement; crudités, pain, haricots, viande et mangues!

Le lendemain, visite au barrage de Bagré; PICT0328

déplacement de la troupe des blancs (en moto pour moi et les deux jeunes et en voiture pour le reste), les paysages sont jolis et le fait d'être en moto donne un petit goût d'aventure assez sympathique... la visite est sympa bien qu'on fait vraiment touriste! Je n'ai plus l'habitude... pause boisson pour touristePICT0311

 

 

 

 

 

 

PICT0321Visite au passage d'un centre écotouristique financé par Taiwan mais par encore ouvert: un vrai hôtel de luxe. Le truc c'est que c'est tellement grand que ça demande énormément d'entretien et donc il faut payer beaucoup d'employés. Comme le centre n'est pas encore ouvert, les employés ne sont pas payés et sont donc partis... Bref c'est désert et surtout désolant car en total désaccord avec le paysage alentour (Ma-gni-fique; petit clin d’oeil à ma chère tante…)!  

 

On continue notre visite par la découverte des rizières: 3800 hectares ! Bon c'est pas le moment que j'ai préféré parce que ça faisait vraiment les blancs qui viennent voir comment on travaille... mais bref, il faut accepter de faire des choses touristiques parfois!

Omnoghin, le 31 décembre 2010

Dernier jour de cette année 2010 si remplie d'expériences diverses et tellement enrichissantes (oui Sandrine j'ai bien dit enrichissante!)! Journée de touristes ... Visite du forgeron en charrette tirée par un âne ... bien sûr 7 blancs avec une charrette et un âne ça ne passe pas inaperçu et c'est un peu difficile (impossible?) de ne pas se sentir touriste! En plus, dans la charrette, ils avaient mis un matelas pour ne pas que les « nassaras » aient mal à leurs petites fesses! Un peu difficile pour moi qui m'habitue avec peine à toujours être observée et mise sur un piédestal ! PICT0352 PICT0370PICT0376

Arrivés près du forgeron, nous (une des mamans, Florence et ses deux enfants, Eva et Théo) devons attendre le reste du groupe seuls; très vite un groupe d'enfants vient nous saluer puis une vieille s'approche et nous invite à rentrer dans sa concession... Nous allons donc vers cet univers inconnu sans trop savoir quoi faire... enfin un peu d'action... On salue, on observe le travail des femmes qui prépare le tamarin, les haricots et le mil! Puis on se rend compte qu'on est en fait chez le forgeron et que ce n'était pas un hasard mais qu'on était attendu... ça casse un peu la magie du moment mais la découverte du forgeron est quand même intéressante (même si l'aspect touriste est toujours là ... en même temps si on veut voir quelque chose on n'a pas le choix). Retour avec l'âne et discussion avec Florence ; elle a aussi vécu 4 mois au Sénégal en travaillant dans une bibliothèque... PICT0355

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Repos au campement et Caroline, une des animatrices, nous montre comment faire les biscuits au sésame; dommage que je ne trouve pas ça bon... mais le moment d'échange est très sympathique...PICT0377  Le soir, visite de la potière ; l'atmosphère est très belle et j'ai le sentiment de vivre un moment privilégié ... j'en oublierais presque le fait qu'on est 7 blancs à l'observer... mais je pense que cette vieille (si jamais c'est normal ici d'appeler les personnes âgées vieux et vieille...) était tellement à l'aise et paisible qu'il ne pouvait pas en être autrement pour nous! On était tous silencieux et même Marco, 7 ans, n'a pas bronché lui qui est tellement plein d'énergie! PICT0381

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Pour fêter le 31 décembre, on a acheté des poulets et des sucreries (c'est le coca, fanta...): l'ambiance n'est pas très festive du côté suisse (c'est pas qu'on est triste mais on est assez calme), par contre côté burkinabé c'est la fête! Je pense que les bières y sont pour quelque chose... Après le repas, les animateurs sont partis au village pour fêter : au programme, bière et bière et un peu de danse... De notre côté, pendant que la famille faisait une partie de scrabble, j'ai observé les étoiles ... (si je pensais passer mon 31 comme cela!) Ce passage à la nouvelle année m'a permis de revenir un peu sur l'année 2010 si remplie: entre le stress du mémoire, la fin de la HEP, le choeur, le fait d'être vraiment enseignante (et de le dire!), le départ et la vie en Afrique, je ne saurais choisir une seule chose marquante pour cette année!

Ce 31 fut donc tout calme; girllons, geckos ont envahi les alentours; c'est agréable ce calme et si différent de mes autres fins d'année! Je me dis qu'un grille-pain foutu est bien loin de l'ambiance actuelle! Et d'imaginer tout ce que je vais vivre d'ici le prochain 31 décembre est encore plus extraordinaire!

Omnoghin, le 3 janvier 2011

Pour commencer l'année 2011, j'ai eu la chance de passer 2 jours et demi chez une famille africaine. En fait, Caroline, une des animatrices du campement tempelga m'a accueillie chez elle pour que je vois le quotidien d'une femme africaine... C'était trop cool et c'est un début d'année dont je vais me rappeler! Ça fait partie des choses extra-ordinaire que j'ai vécu ici : commencer l'année en dormant dans une case africaine, il faut le faire! Et rien que de penser au dernier jour de 2011 qui sera à coup sûr totalement différent, je trouve ça trop cool!

Durant ces deux jours, j'ai pu voir le quotidien de la vie au village.

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J'ai découvert la préparation du mil germé pour faire le dolo (bière locale). Il faut le laisser plusieurs jours dans un grand canari puis le faire sécher au soleil pendant 2 jours. En fait, Caroline cultive du sorgho et des arachides. Elle prépare le sorgho pour l'amener au moulin et le vendre pour faire le dolo et les arachides pour les vendre.

 

 

 

J'ai ensuite pu goûter la bière locale  lors d'un petit tour dans le village et aussi après la messe du dimanche matin: tout le monde ici en boit (même les nourrissons lorsque la mère n'a pas assez de lait ou qu'ils ont mal au ventre!)! Comme c'était la fête (1er janvier), beaucoup était de sortie et les calebasses de dolo se vidaient assez rapidement! Le moment des photos fut assez épique mais tout s'est passé dans la bonne humeur et le fait de savoir un peu parler mooré a permis de briser la glace (par 30 degrés cette expression est un peu décalée mais vous voyez ce que je veux dire). PICT0413  PICT0416 PICT0420

 

 

 

 

 

 

 

J'ai aussi eu droit à des cours de cuisine africaine: au menu, tô et riz boulwaka, benga (sorte de cassoulet), tô gombo, bouillie de riz (petit déjeuner), biscuits au sésame. Pour dire que je n'aime pas trop cuisiner, les moments où j'apprends la cuisine africaine sont toujours de beaux  moments de partage et d'échange...PICT0411

Le tô se prépare à l'aide de farine de maïs  et d'eau. Grâce au moulin, les femmes gagnent beaucoup d'énergie (avant, il fallait écraser les grains à la main...). PICT0457

La bouillie de riz qui sert de petit déjeuner est une sorte de riz au lait mais sans lait (!): on cuit le riz dans plus d'eau que la normale et plus longtemps; on peut ajouter du citron si on en a les moyens. Ensuite, on ajoute du sucre et voilà... On peut aussi faire de la bouillie de mil selon le même procédé (mais perso, je trouve ça moins bon). Cela constitue le petit déjeuner de la majorité des africains. J'ai aussi vu le début de la préparation du sésame; j'avais vu la confection des biscuits au sésame au campement le vendredi et là j'ai vu la préparation qu'il faut avant de pouvoir simplement mélanger du sucre avec le sésame... il faut laver le sésame, le piler, le relever pour faire partir les peaux, le faire sécher au soleil et ensuite le faire passer au vent pour enlever les derniers déchets... PICT0451

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Durant la journée, nous avons aussi été chercher de l'eau au puits... petit cours de porté de bassine sur la tête; tout un art que les africaines maitrisent à merveille mais avec lequel j'ai encore un peu de peine... du coup, j'ai pris une douche anticipée et j'ai fait rire tout le monde, mais j'ai quand même réussi à faire quelques mètres sans rien verser et sans les mains... en fait, il y a deux types de puits; le puits « simple » et le forage (où l'eau est filtrée et donc potable). Au puits « simple », on récupère l'eau à l'aide d'un bidon accroché à une corde alors qu'au forage, on pompe...  PICT0441 PICT0442 PICT0440

 

 

 

 

 

 

 

Le soir du 1er janvier, nous avons été à la buvette locale, histoire d'avoir un peu de lumière pour causer: dans les concessions (rassemblement de case d'une famille), il n'y a pas d'électricité. Du coup, à partir de 18h, c'est éclairage à la torche électrique. On a retrouvé Zakaria et il nous a offert une bière (pour Caroline) et un jus d'ananas (pour moi). Manque de chance; 20 minutes après notre arrivée, coupure de courant. Bon pas de panique, ici c'est régulier donc toutes les activités continuent comme si de rien n'était sauf qu'il fait nuit...

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Dans l'après-midi, j'ai passé à un nouveau un « bon moment dont il faut se rappeler ». Caroline était partie accompagner sa petite grand-maman (la co-épouse de sa maman) et je suis restée avec Emelie à la maison. Comme c'était le moment du repos, on n'avait pas grand chose à faire... J'ai donc pu observer Emelie en train de jouer; un simple bouchon de bouteille lui a permis de s'amuser et d'en être tout à fait contente... je me dis que tous nos jeux et nos loisirs sont bien compliqués et que notre course aux divertissements est parfois bien vaine...

 La bonne douche en plein air m'a fait penser à la douche panoramique de la Rambert mais en moins froid... Ici ce n'est pas une douche « tombée du ciel » (lorsqu'il y a l'eau courante et le pommeau) mais un seau et une calebasse. Comme on est dans le froid africain, les gens sont obligés de chauffer l'eau au bois histoire de ne pas tomber malade... pour moi, je l'ai fait à l'eau froide même si j'ai grelotté pendant au moins 30 secondes ...

Les deux nuits dans la case furent assez paisible, même si il faut bien avouer que la natte ça fait un peu mal au dos des nassaras... La case est fait de banco; le problème c'est que s'il pleut trop, les murs tombent. C'est ce qui c'est passé pour le mur de la douche. Du coup, il faut souvent reconstruire les murs. Le toit est fait avec des tiges de mil et du bois. Il faut aussi le refaire chaque année à cause du vent et des animaux qui viennent ronger le bois. Certains utilisent des tôles pour faire le toit; c'est plus solide mais du coup, il faut super chaud à l'intérieur des cases. 

Grâce à ces deux jours, je me rends un mieux compte de la vie au village et de la situation dans laquelle sont la majorité des burkinabés. Je sais bien que je n'ai certainement pas tout compris (c'est impossible en si peu de temps).

Petit exemple; le fait que les burkinabés n'ont pas besoin de salle de sport ou de musculation. Leur vie quotidienne est une salle de musculation: entre le balayage de la cour 3 fois par jour, aller puiser et transporter l'eau, le travail au jardin pour cultiver, ... les biscottos des femmes africaines sont bien mis à l'épreuve (du coup mes biscottos tout mous paraissaient bien ridicules...). Dans nos pays « développés », on réduit les efforts des travaux quotidiens et ensuite on court dans les salle de sport pour rester en bonne santé. Je ne dis pas que le progrès n'est pas bon mais c'est quand même un peu paradoxal.

Les habits africains

attention ici commence une saga qui a commencé la première semaine de mon séjour et qui s’est achevé la semaine passé uniquement…!
Ne croyez pas que ce soit compliqué de se faire des habits africains, c’est juste que pour moi ce fut un peu plus compliqué que prévu…

premier épisode:

PICT0018 Mes premiers habits africains sont en fait un cadeau d'Ouretou. Il s'agit d'un pagne (jupe porte-feuille mais sans la ficelle pour attacher...) et d'un haut... C'est bariolé mais le cadeau m'a beaucoup touché... 

 

 

 

 

deuxième épisode:

une des enseignantes m'a proposé de m'accompagner au marché pour choisir les tissus et me faire coudre des habits africains... rendez-vous est pris, nous partons donc au marché... je choisis le tissu et je demande le prix; cela me parait un peu élevé par rapport à ce qu'on m'avait dit. Comme je suis avec l'enseignante et qu'elle ne dit rien, je me dis que c'est normal mais je ne prends tout de même qu'un tissu au lieu de 2... nous repartons; direction le couturier. En chemin, l'enseignante réagit qu'on s'est fait avoir et que la vendeuse a gonflé le prix (la couleur de ma peau ne doit pas y être pour rien..); elle s'excuse milles fois et est super énervée de m'avoir fait vivre ça... elle me promet de retourner voir la vendeuse et de se faire rembourser (ce qu'elle parviendra à obtenir après 2 semaines...). Bref, le couturier n'étant pas là ce jour-là, je rentre chez moi avec mon tissu et je me dis qu'il faudra que je trouve quelqu'un d'autre pour m'accompagner...

Troisième épisode:

J'avais demandé à Ouretou de m'accompagner et je devais normalement aller faire mes habits africains avec elle mais en fait elle est malade.. du coup, je me suis fait littéralement embarqué par Franck qui m'a dit que ce n’était pas normal que je ne sois pas encore en africaine et qu'il m'avait commandé des habits africains... déjà que je m'étais préparée psychologiquement à vivre l'épreuve du shopping (déjà éprouvant en suisse pour moi, alors en Afrique...) mais là franchement j'étais vraiment pas à l'aise mais enfin, pas de panique allons-y gaiement et on verra bien...

donc départ en moto, arrivée au marché, je suis tant bien que mal franck qui « court » dans les étals pour ne pas se faire héler par tous les vendeurs vu qu'il est avec une blanche... arrivée à destination, étal de tissu et d'habits déjà cousus... bon en fait, il n'avait pas choisi les habits à ma place mais comptait bien sur le fait que j'allais en acheter... bon c'était moins pire que ce que je pensais même si je pense que je ne remettrai jamais ces habits là en suisse. Mais ça fait tellement plaisir aux gens d'ici PB277697de me voir en afrique: cela signifie pour eux que je ne méprise pas leur culture et que j'accepte de m’intégrer (la vision du blanc est assez dur à supporter étant donné qu'on est mis toujours en haut et eux en bas...)

Le lendemain, j'ai porté la tunique payée à l'école et c'est vrai que les gens sont trop motivés par le fait que je me mets à la mode africaine... tout le monde me dit que je suis plus belle ainsi et que maintenant on peut me draguer ; du coup ça me donne envie de m'habiller comme un sac pour éviter de me faire draguer... (bref passons sur la drague africaine...). J’ai ensuite porté l’ensemble acheté lors du mariage d’un de mes collègues…

Quatrième épisode:

Eh oui ce n'est pas fini... Comme Ouretou me l'avait promis, j'ai été avec elle faire coudre mes habits (oui si vous avez bien suivi, j'ai toujours le tissu non cousu payé avec l’enseignante...). Donc départ pour le marché, choix du tissu (je commence à m'habituer); négociation, pas d'arnaque cette fois-ci. Ensuite, direction la couturière... la couturière est là! Choix des modèles sur des catalogues, prise des mesures,... normalement mes habits seront près dans une semaine...

Bon je vous l'accorde, jusque là, cet épisode est un peu trop banal... tout s'est passé normalement... mais je ne suis pas encore rentrée à la maison: eh oui! Pour continuer, la saga de mes habits africains, rien ne vaut un retour à la maison épique. Je pars de chez Ouretou avec son gardien en mobylette... petit arrêt pour mettre l'essence, tout fonctionne jusqu'à ce que la mobylette s'arrête et refuse de redémarrer... du coup à 21h30, recherche d'un mécanicien (cela ne pose pas vraiment de problème ici; on en trouve partout mais leur compétence est assez aléatoire). Après quelques centaines de mètres, un jeune mécano est là: il tente en vain de réparer la mobylette mais nous indique un autre mécano plus loin. Celui-là a l'air plus expérimenté même s'il met les pièces dans sa bouche et souffle pour essayer d'enlever l'essence qui semble être la cause de nos problèmes... malgré cette technique pleine de débrouillardise, rien n'y fait et notre amie la mobylette refuse toujours de démarrer. Du coup, nous poursuivons la route en poussant la mobylette jusque chez moi et je prête mon vélo au gardien pour qu'il puisse rentrer chez lui. Il reviendra le lendemain chercher la mobylette avec la voiture...

dernier épisode:

PICT0287enfin j'ai mes habits africains!! après quelques essayages, réajustement me voilà en africaine... je deviens petit à petit burkinabé comme disent les gens ici... mais ne vous inquiétez  ma peau est toujours aussi blanche (au grand étonnement des burkinabés qui trouve bizarre que je ne noircisse pas… pourtant première fois de ma vie que j’ai une légère marque de bronzage …)