mercredi 5 janvier 2011

Voyage à Omnoghin

Omnoghin, le 29 décembre 2010

Le programme des vacances de Noël a été très changeant. Pour résumer, je devais partir le mardi 28 décembre, mais j’ai appris le 27 que ça n’allait pas. Du coup, j'ai atterri seule dans un campement d'accueil touristique près de Tenkodogo. Je ne suis pas la seule touriste: il y a 2 familles : 2 mamans et 4 enfants: des suisses, d'Estavayer-Le-Lac ! Au début, ça m'a fait super bizarre de me retrouver entourée d'autant de Suisses et surtout d'enfants ! Le premier jour, le jeu de monopoly faisait vraiment drôle  mais on se réhabitue très vite à ses compatriotes et c'était vraiment sympa!

Mais revenons au début.. Départ de Ouaga en taxi (je deviens rodée...) Ensuite, arrivée à la station de bus, prise du billet et découverte du bus. En experte avisée, j'observe le bus et je me dis que le voyage va être long et chaud: il n'y a pas de fenêtres! C'est un peu un sauna mobile ; on devrait travailler le concept en suisse... Bon ce n'est non plus un supplice (heureusement qu'on n'est pas dans la période chaude) et les paysages sont jolis (ça change de la ville). Arrivée à Tenkodogo après 3h15 de bus, Zakaria, le responsable du campement, m'attend et me repère assez vite (c'est un peu « chercher Charlie » pour les enfantines; chercher une blanche au milieu d'un bus de noirs...) Départ pour Omnoghin; 20 km en moto! Je commence à aimer la moto ! mare aux crocodiles                                                                

                          campement Tempelga:

campement tempelga

 

 

 

 

 

 

 

Avant d'arriver au campement, petit tour par le marché pu is débarquement au campement et rencontre avec les suisses! Présentation rapide puis ils partent pour visiter le marché et le village! ; Zakaria m'explique le programme des suisses (ici les animateurs proposent des activités et ensuite on crée le programme: comme je n'ai pas une folle envie de faire les activités toute seule je vais suivre le programme des suisses). Ensuite, on part pour rejoindre un autre animateur, Inoussa, qui va me faire visiter le marché qui est assez proche du marché de Tanghin; en se baladant, on passe près du « cinéma »: une télé avec un lecteur dvd; une trentaine de personnes (principalement des enfants); un film en anglais sous-titrés français; tout le monde est captivé et c'est bien la première fois qu'on ne m'observe pas pendant 5 minutes quand j'entre quelque part.

Le soir, souper de luxe au campement; crudités, pain, haricots, viande et mangues!

Le lendemain, visite au barrage de Bagré; PICT0328

déplacement de la troupe des blancs (en moto pour moi et les deux jeunes et en voiture pour le reste), les paysages sont jolis et le fait d'être en moto donne un petit goût d'aventure assez sympathique... la visite est sympa bien qu'on fait vraiment touriste! Je n'ai plus l'habitude... pause boisson pour touristePICT0311

 

 

 

 

 

 

PICT0321Visite au passage d'un centre écotouristique financé par Taiwan mais par encore ouvert: un vrai hôtel de luxe. Le truc c'est que c'est tellement grand que ça demande énormément d'entretien et donc il faut payer beaucoup d'employés. Comme le centre n'est pas encore ouvert, les employés ne sont pas payés et sont donc partis... Bref c'est désert et surtout désolant car en total désaccord avec le paysage alentour (Ma-gni-fique; petit clin d’oeil à ma chère tante…)!  

 

On continue notre visite par la découverte des rizières: 3800 hectares ! Bon c'est pas le moment que j'ai préféré parce que ça faisait vraiment les blancs qui viennent voir comment on travaille... mais bref, il faut accepter de faire des choses touristiques parfois!

Omnoghin, le 31 décembre 2010

Dernier jour de cette année 2010 si remplie d'expériences diverses et tellement enrichissantes (oui Sandrine j'ai bien dit enrichissante!)! Journée de touristes ... Visite du forgeron en charrette tirée par un âne ... bien sûr 7 blancs avec une charrette et un âne ça ne passe pas inaperçu et c'est un peu difficile (impossible?) de ne pas se sentir touriste! En plus, dans la charrette, ils avaient mis un matelas pour ne pas que les « nassaras » aient mal à leurs petites fesses! Un peu difficile pour moi qui m'habitue avec peine à toujours être observée et mise sur un piédestal ! PICT0352 PICT0370PICT0376

Arrivés près du forgeron, nous (une des mamans, Florence et ses deux enfants, Eva et Théo) devons attendre le reste du groupe seuls; très vite un groupe d'enfants vient nous saluer puis une vieille s'approche et nous invite à rentrer dans sa concession... Nous allons donc vers cet univers inconnu sans trop savoir quoi faire... enfin un peu d'action... On salue, on observe le travail des femmes qui prépare le tamarin, les haricots et le mil! Puis on se rend compte qu'on est en fait chez le forgeron et que ce n'était pas un hasard mais qu'on était attendu... ça casse un peu la magie du moment mais la découverte du forgeron est quand même intéressante (même si l'aspect touriste est toujours là ... en même temps si on veut voir quelque chose on n'a pas le choix). Retour avec l'âne et discussion avec Florence ; elle a aussi vécu 4 mois au Sénégal en travaillant dans une bibliothèque... PICT0355

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Repos au campement et Caroline, une des animatrices, nous montre comment faire les biscuits au sésame; dommage que je ne trouve pas ça bon... mais le moment d'échange est très sympathique...PICT0377  Le soir, visite de la potière ; l'atmosphère est très belle et j'ai le sentiment de vivre un moment privilégié ... j'en oublierais presque le fait qu'on est 7 blancs à l'observer... mais je pense que cette vieille (si jamais c'est normal ici d'appeler les personnes âgées vieux et vieille...) était tellement à l'aise et paisible qu'il ne pouvait pas en être autrement pour nous! On était tous silencieux et même Marco, 7 ans, n'a pas bronché lui qui est tellement plein d'énergie! PICT0381

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Pour fêter le 31 décembre, on a acheté des poulets et des sucreries (c'est le coca, fanta...): l'ambiance n'est pas très festive du côté suisse (c'est pas qu'on est triste mais on est assez calme), par contre côté burkinabé c'est la fête! Je pense que les bières y sont pour quelque chose... Après le repas, les animateurs sont partis au village pour fêter : au programme, bière et bière et un peu de danse... De notre côté, pendant que la famille faisait une partie de scrabble, j'ai observé les étoiles ... (si je pensais passer mon 31 comme cela!) Ce passage à la nouvelle année m'a permis de revenir un peu sur l'année 2010 si remplie: entre le stress du mémoire, la fin de la HEP, le choeur, le fait d'être vraiment enseignante (et de le dire!), le départ et la vie en Afrique, je ne saurais choisir une seule chose marquante pour cette année!

Ce 31 fut donc tout calme; girllons, geckos ont envahi les alentours; c'est agréable ce calme et si différent de mes autres fins d'année! Je me dis qu'un grille-pain foutu est bien loin de l'ambiance actuelle! Et d'imaginer tout ce que je vais vivre d'ici le prochain 31 décembre est encore plus extraordinaire!

Omnoghin, le 3 janvier 2011

Pour commencer l'année 2011, j'ai eu la chance de passer 2 jours et demi chez une famille africaine. En fait, Caroline, une des animatrices du campement tempelga m'a accueillie chez elle pour que je vois le quotidien d'une femme africaine... C'était trop cool et c'est un début d'année dont je vais me rappeler! Ça fait partie des choses extra-ordinaire que j'ai vécu ici : commencer l'année en dormant dans une case africaine, il faut le faire! Et rien que de penser au dernier jour de 2011 qui sera à coup sûr totalement différent, je trouve ça trop cool!

Durant ces deux jours, j'ai pu voir le quotidien de la vie au village.

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J'ai découvert la préparation du mil germé pour faire le dolo (bière locale). Il faut le laisser plusieurs jours dans un grand canari puis le faire sécher au soleil pendant 2 jours. En fait, Caroline cultive du sorgho et des arachides. Elle prépare le sorgho pour l'amener au moulin et le vendre pour faire le dolo et les arachides pour les vendre.

 

 

 

J'ai ensuite pu goûter la bière locale  lors d'un petit tour dans le village et aussi après la messe du dimanche matin: tout le monde ici en boit (même les nourrissons lorsque la mère n'a pas assez de lait ou qu'ils ont mal au ventre!)! Comme c'était la fête (1er janvier), beaucoup était de sortie et les calebasses de dolo se vidaient assez rapidement! Le moment des photos fut assez épique mais tout s'est passé dans la bonne humeur et le fait de savoir un peu parler mooré a permis de briser la glace (par 30 degrés cette expression est un peu décalée mais vous voyez ce que je veux dire). PICT0413  PICT0416 PICT0420

 

 

 

 

 

 

 

J'ai aussi eu droit à des cours de cuisine africaine: au menu, tô et riz boulwaka, benga (sorte de cassoulet), tô gombo, bouillie de riz (petit déjeuner), biscuits au sésame. Pour dire que je n'aime pas trop cuisiner, les moments où j'apprends la cuisine africaine sont toujours de beaux  moments de partage et d'échange...PICT0411

Le tô se prépare à l'aide de farine de maïs  et d'eau. Grâce au moulin, les femmes gagnent beaucoup d'énergie (avant, il fallait écraser les grains à la main...). PICT0457

La bouillie de riz qui sert de petit déjeuner est une sorte de riz au lait mais sans lait (!): on cuit le riz dans plus d'eau que la normale et plus longtemps; on peut ajouter du citron si on en a les moyens. Ensuite, on ajoute du sucre et voilà... On peut aussi faire de la bouillie de mil selon le même procédé (mais perso, je trouve ça moins bon). Cela constitue le petit déjeuner de la majorité des africains. J'ai aussi vu le début de la préparation du sésame; j'avais vu la confection des biscuits au sésame au campement le vendredi et là j'ai vu la préparation qu'il faut avant de pouvoir simplement mélanger du sucre avec le sésame... il faut laver le sésame, le piler, le relever pour faire partir les peaux, le faire sécher au soleil et ensuite le faire passer au vent pour enlever les derniers déchets... PICT0451

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Durant la journée, nous avons aussi été chercher de l'eau au puits... petit cours de porté de bassine sur la tête; tout un art que les africaines maitrisent à merveille mais avec lequel j'ai encore un peu de peine... du coup, j'ai pris une douche anticipée et j'ai fait rire tout le monde, mais j'ai quand même réussi à faire quelques mètres sans rien verser et sans les mains... en fait, il y a deux types de puits; le puits « simple » et le forage (où l'eau est filtrée et donc potable). Au puits « simple », on récupère l'eau à l'aide d'un bidon accroché à une corde alors qu'au forage, on pompe...  PICT0441 PICT0442 PICT0440

 

 

 

 

 

 

 

Le soir du 1er janvier, nous avons été à la buvette locale, histoire d'avoir un peu de lumière pour causer: dans les concessions (rassemblement de case d'une famille), il n'y a pas d'électricité. Du coup, à partir de 18h, c'est éclairage à la torche électrique. On a retrouvé Zakaria et il nous a offert une bière (pour Caroline) et un jus d'ananas (pour moi). Manque de chance; 20 minutes après notre arrivée, coupure de courant. Bon pas de panique, ici c'est régulier donc toutes les activités continuent comme si de rien n'était sauf qu'il fait nuit...

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Dans l'après-midi, j'ai passé à un nouveau un « bon moment dont il faut se rappeler ». Caroline était partie accompagner sa petite grand-maman (la co-épouse de sa maman) et je suis restée avec Emelie à la maison. Comme c'était le moment du repos, on n'avait pas grand chose à faire... J'ai donc pu observer Emelie en train de jouer; un simple bouchon de bouteille lui a permis de s'amuser et d'en être tout à fait contente... je me dis que tous nos jeux et nos loisirs sont bien compliqués et que notre course aux divertissements est parfois bien vaine...

 La bonne douche en plein air m'a fait penser à la douche panoramique de la Rambert mais en moins froid... Ici ce n'est pas une douche « tombée du ciel » (lorsqu'il y a l'eau courante et le pommeau) mais un seau et une calebasse. Comme on est dans le froid africain, les gens sont obligés de chauffer l'eau au bois histoire de ne pas tomber malade... pour moi, je l'ai fait à l'eau froide même si j'ai grelotté pendant au moins 30 secondes ...

Les deux nuits dans la case furent assez paisible, même si il faut bien avouer que la natte ça fait un peu mal au dos des nassaras... La case est fait de banco; le problème c'est que s'il pleut trop, les murs tombent. C'est ce qui c'est passé pour le mur de la douche. Du coup, il faut souvent reconstruire les murs. Le toit est fait avec des tiges de mil et du bois. Il faut aussi le refaire chaque année à cause du vent et des animaux qui viennent ronger le bois. Certains utilisent des tôles pour faire le toit; c'est plus solide mais du coup, il faut super chaud à l'intérieur des cases. 

Grâce à ces deux jours, je me rends un mieux compte de la vie au village et de la situation dans laquelle sont la majorité des burkinabés. Je sais bien que je n'ai certainement pas tout compris (c'est impossible en si peu de temps).

Petit exemple; le fait que les burkinabés n'ont pas besoin de salle de sport ou de musculation. Leur vie quotidienne est une salle de musculation: entre le balayage de la cour 3 fois par jour, aller puiser et transporter l'eau, le travail au jardin pour cultiver, ... les biscottos des femmes africaines sont bien mis à l'épreuve (du coup mes biscottos tout mous paraissaient bien ridicules...). Dans nos pays « développés », on réduit les efforts des travaux quotidiens et ensuite on court dans les salle de sport pour rester en bonne santé. Je ne dis pas que le progrès n'est pas bon mais c'est quand même un peu paradoxal.

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